Le monde à l'envers
Film, 19', 2021
Le monde à l'envers
Film, 19', 2021
Un groupe d’enfants décide de fuir la ville et de s’installer dans la forêt. Leur rêve les a fait basculer d’un monde en dur à un monde végétal, silencieux et mystérieux.
Mes intentions de départ étaient de filmer les jeux d'un groupe d'enfants, seuls, sans adultes. En plusieurs séquences, sous la forme d’une succession de tableaux. Sans voix off. En gros plans et plans rapprochés. À hauteur d’enfants, à travers leur recréation d'un monde, imaginaire et réel. Entre sept et neuf ans. À l’âge où ils sont simultanément libres et conscients de leur image.
Pour réaliser ce film, j'ai cherché un lieu que le groupe d'enfants filmé pourrait s'approprier, pour créer les conditions d'un véritable voyage dans une tribu imaginaire. La forêt s'est avérée être l'aire de jeu idéale pour filmer un monde à part, dans lequel imagination et réalité se côtoieraient sans distinction, vers la recréation d'un monde. Pendant 10 jours, j'ai ainsi filmé des enfants dans un camp de vacances en pleine nature. Le tournage s'intégrait dans leurs activités comme une activité à part entière. Pour le lieu du tournage, j'ai choisi un sous-bois dans lequel les enfants se retrouvaient pendant leur temps libre. Ensemble, nous avons avancé jour après jour avec ; pour principale consigne de jouer comme s'ils étaient seuls, sans adultes, dans un espace déterminé.
Le choix de filmer des enfants entre sept et neuf ans s'est avéré essentiel pour capter ce moment précis de l'enfance où conscients et libérés à la fois de leurs images, ils se laissent aller à jouer devant une caméra qui pouvait se transformer en véritable déclencheur dramaturgique et en créateur de circonstances.
Tout au long du tournage, je n'ai cessé de constater, qu’en commençant à filmer un ou plusieurs enfants, d’autres arrivaient, qu'ils se plaçaient dans le champ de la caméra et qu’une certaine tension s’installait, le temps se dilatait, ...
L’action était lancée sans avoir à le dire, le jeu des acteurs se mettait en place instinctivement.
J'ai ainsi filmé les enfants dans la forêt, comme un faux documentaire anthropologique sur une tribu retirée hors du monde et un vrai documentaire sur une petite communauté d'enfants, filmée en dehors de leur quotidien sur une terre qui leur était inconnue. Je souhaitais ainsi montrer à quoi pourrait ressembler une société sans préoccupation matérielle, dont la seule activité serait le jeu.
Une société d'enfants. Dans la forêt, pour être encore plus proche d'un univers fictionnel, d'un monde en marge. Une tribu imaginaire où le rapport au temps est différent. Sortir les enfants du cadre d'une institution pour permettre de capter un autre rapport au monde, proche de la nature, avec comme intention de filmer également la naissance d'une fiction, dans un environnement vierge, un espace vide. Pour être encore plus proche de l'enfance comme un espace d'expérimentation permanente.